Entretien avec Evan Fournier Frédéric Yang 8 mai 2020

Entretien avec Evan Fournier

En 2015, Frédéric avait rencontré Evan Fournier durant l’intersaison. Pendant cet entretien, ils ont parlé de la préparation physique durant une saison de NBA. Entretien.

« L’intersaison est généralement une période où les joueurs s’entraînent énormément. Est-ce que tu as ou tu vas toi aussi en profiter pour travailler spécifiquement un compartiment de ton jeu cet été ?

Evan Fournier : Effectivement l’été est un période propice pour progresser. Jusque-là, j’ai profité de mon temps libre pour me reposer mais je vais prochainement commencer à m’entraîner. Je vais tout d’abord travailler mon physique qui demeure une norme lorsqu’on joue en NBA. Tous les matins, je vais faire une séance de cardio et de musculation pour être plus puissant et plus explosif. D’un point de vue purement basket, je vais énormément travailler ma dextérité après tir et mes lancers francs car je n’ai pas été bon cette année.

En général, travailles-tu plusieurs domaines de ton jeu pendant l’été ou au contraire, préfères-tu te focaliser sur un point bien précis ?

Evan Fournier : Les années précédentes je m’éparpillais en travaillant plusieurs domaines de mon jeu durant l’intersaison mais je pense qu’il faut vraiment que je centralise mon entraînement. Quand tu choisis de bosser trop de domaines différents, tu as de grandes chances de ne pas bien les travailler et donc d’avoir des résultats insuffisants. Voilà pourquoi j’ai décidé de me focaliser sur deux aspects cet été.

Penses-tu que les joueurs progressent plus pendant la saison ou durant l’intersaison car ils ont plus le temps pour travailler et aussi récupérer ?

Evan Fournier : C’est complètement différent. En fait, pendant l’intersaison, tu travailles vraiment ton individualité, ta technique personnelle tandis que pendant la saison régulière, tu progresses dans ta lecture du jeu, dans ta communication avec tes coéquipiers. La saison régulière sert justement à mettre à profit tout ce que tu as bossé durant l’été. Les deux sont complémentaires.

Depuis que tu évolues NBA, tu as gagné du muscle. Peux-tu nous expliquer en quoi consistait ton programme de préparation physique ?

Evan Fournier : En NBA, j’ai fait beaucoup d’exercices en poids de corps avec des bandes autour des chevilles pour la résistance. C’est beaucoup d’exercices de squat avec ces bandes mais aussi d’autres exercices qui permettent de te renforcer sans trop solliciter les articulations. En général, je fais trois séries avec une douzaine de répétitions. Et contrairement aux idées que l’on peut avoir en France, on travaille rarement avec de grosses charges. Je n’ai plus soulevé de charges max depuis un bon bout de temps.

Tu as eu la chance de travailler avec Steve Hess, qui est un préparateur physique très réputé. Peux-tu nous parler de lui ? Qu’a-t-il de spécial par rapport aux autres ?

Evan Fournier : C’est tout simplement un fou furieux. Il est tout le temps à 300%. Même à 5h du matin, il va être en train de crier et de te pousser à fond. Je ne l’ai jamais vu de mauvaise humeur ou même fatigué. Jamais ! Il est toujours enthousiaste et avec lui tu ne peux que progresser. Je lui dois beaucoup car il m’a appris tous les exercices de musculation et m’a fait aimer et comprendre ce que c’était.

Peux-tu nous expliquer ta routine les jours du match ?

Evan Fournier : Une journée typique en NBA se résume à ça : J’arrive avant 10h à la salle d’entraînement pour prendre mon petit déjeuner. Puis à 10h45, on commence l’entraînement. Les jours de match, on ne s’entraîne presque pas, c’est beaucoup de mise en place vidéo avec une analyse de l’adversaire du soir. À midi, je rentre pour manger mon déjeuner. Je mange quasiment la même chose chaque jour soit du riz brun, des asperges et un saumon. Ensuite je fais ma sieste pendant 2h et retourne à la salle vers 17h. Je commence à m’échauffer avec un coach. Je réalise tout une gamme d’exercices et fais des sessions de tirs. Après ce petit warm-up, je retourne dans les vestiaires pour faire des étirements, m’hydrater et me préparer avant le match. Après avoir fait tout ça, je suis prêt pour jouer.

On peut voir que certains joueurs soulèvent des charges avant les matches. Est-ce quelque chose que tu pratiques, que tu conseilles ?

Evan Fournier : C’est ce que je faisais à une époque mais j’ai vite arrêté. Je le faisais durant mes deux premières saisons car j’en avais besoin et je ne jouais pas beaucoup. Mais l’année passée, vu que j’ai beaucoup joué, je ne pouvais plus le faire car j’avais besoin d’avoir du punch donc je privilégiais les exercices de réveil musculaire.

Tu n’es pas un joueur forcément très rapide mais tu te déplaces bien et ton jeu d’appuis est particulièrement performant. As-tu travaillé cela spécifiquement ?

Evan Fournier : C’est quelque chose que je n’ai pas vraiment travaillé. En fait, je pense avoir des facilités dans ces domaines. C’est vrai que je ne suis pas très rapide mais paradoxalement, j’ai un bon premier pas et c’est ce qui me permet de surprendre mes adversaires. À l’entraînement, je ne le travaille pas spécifiquement. C’est vraiment quelque chose que j’ai acquis naturellement.

Depuis que tu es en NBA tu as connu tous les statuts (Bout de banc, 6e homme sur certains matches, titulaire à Orlando). Peux-tu nous dire comment fais-tu pour rester concentrer et prêt à jouer quelles que soient les circonstances ?

Evan Fournier : Tout d’abord, ce n’est vraiment pas une chose facile à gérer. Je me souviens que lors de ma saison rookie, je ne savais pas du tout quand j’allais rentrer sur le terrain donc je n’avais pas d’attente particulière et je prenais ce qu’il y avait à prendre. Le plus dur est d’avoir des attentes et de ne pas jouer derrière donc le conseil que je peux donner est de prendre les choses comme elles viennent. Par contre, il faut toujours garder un bon rythme d’entraînement car c’est ce qui va te générer de la confiance et lorsque l’on fera appel à toi, tu seras prêt. Lors de ma saison rookie, je ne jouais pas jusqu’à ce qu’il y ait un blessé. Quand ce fut mon tour de jouer, j’étais prêt et j’ai joué mon jeu. En fait, j’ai toujours su que j’avais les capacités de jouer en NBA donc je n’ai jamais eu peur ni douté de moi.

As-tu des astuces à nous donner pour améliorer la récupération après match ?

Evan Fournier : Ce que je conseille, c’est la cryothérapie. Même si ça repousse beaucoup de monde, les bains froids ou la cryothérapie corps entier c’est vraiment ce qu’il y a de plus efficace. Ça ne demande pas forcément de gros moyen puisqu’il suffit d’aller chez l’épicier du coin pour prendre 3 packs de glace et de les mettre dans ton bain (Rires). Personnellement, je ne porte pas de chaussettes de contention mais je connais des joueurs qui le font et je sais que ça peut aussi être efficace.

Et pour les ampoules, as-tu un remède miracle ?

Evan Fournier : Je mets des chaussettes épaisses et cela marche plutôt bien. Si je commence à avoir des irritations, je mets parfois un peu de vaseline et ça passe bien.

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